Juste quelques mots pour réfléchir un peu:
"Rendez vous avec Handicap International à propos de ce disque contre les mines antipersonnel, qui traîne à se faire parce que les maisons de disques ne veulent plus mettre la main à la poche ni se mouiller pour les bonnes causes, ils hésitent de plus en plus avant de se lancer dans le caritatif:
- Vous comprenez, le caritatif est un marché comme un autre. Les consommateurs ne font plus de différence, pour eux, c'est une compil de plus. On en a trop fait. Les disques ne se vendent plus, pas plus ceux-là que d'autres. Les gens font des copies chez eux ou achètent ce qu'ils connaissent. Sans une grosse campagne, point de salut, pas plus pour Handicap International que pour quoi que ce soit d'ailleurs.
Vous voyez le disque, c'est tout ou rien, plutôt que Dominique A, Arthur H, M ou Miossec, je ne sais quel Noir désir, Manu Chao ou CharlElie, ce serait mieux d'avoir les Stars Académiciennes. Là, oui, là ça vendra.
Et puis les bombes antipersonnelles ne sont pas sur notre territoire, alors... ? Vous savez si les Français ne se sentent pas concernés, ils n'achètent plus. Pas plus pour une association que pour rien d'autre.
Discussion sans fin.
Etc.
Et tcé tes rats..."
ou encore
"Jusque là je me suis cru immortel. Ca paraît con à dire, du moins présomptueux, sinon absurde, je sais, mais ce n’était pas dans le sens divin que je l’entendais, non. C’était simple, je n’envisageais pas la mort, donc j’étais immortel. C’est tout.
Quand j’étais ado, j’avais failli me suicider à la suite d’une dépression angoissée après avoir regardé trop la nuit, le ciel et les étoiles, je m’étais mis à paniquer à l’idée du temps, de l’infini.
" Je ne suis rien, me dis-je à l’époque, je n’aurai jamais l’influence d’un pharaon, d’un prophète, d’un négus ou d’un empereur, d’un génie des sciences ou d’un aventurier.
Et quand bien même, qui qu’ils furent cela ne représente rien par rapport à l’histoire de la Terre ou celle de notre galaxie.
Bon, etc…
Ca menait à dire : quoi que je fasse, on va disparaître, tout de suite ou dans 80 ans quelle importance…. ? "
Bon je pensais des trucs noirs qui justifiaient le fait que je ne faisais pas grand-chose.
Et puis j’ai rencontré un copain qui revenait d’Inde et qui m’a fait comprendre qu’il fallait surtout en profiter. Puisque j’avais que quelques années à vivre ici sur Terre, je devais les remplir à donf. Ne pas gâcher une seule seconde.
Et c’est ce que je m’efforce de faire.
Je ne veux pas avoir à regretter le temps.
Bon quelques fois j’en fait trop, et je m’asphyxie.
C’est vrai qu’il est plus facile de ne rien faire que de tout faire
Mais si on en croit les boudhistes, les fakirs ou les moines, c’est aussi difficile de ne rien faire à fond,
que de tout faire à fond.
Bref, à partir de ce jour, j’ai décidé d’agir sans me poser de question.
Agir. Faire, coûte que coûte. Se désinhiber dans l’action et le travail. Travailler pour se sentir vivre, le travail dans son sens physique c’est à dire un dégagement d’énergie et de chaleur.
Pas pour la finalité d’argent ou de réussite sociale, non, agir pour ne pas rester spectateur de ma vie.
Aller derrière, derrière l’apparence, derrière le décor des mots, des gestes des sentiments, visiter les coulisses de mon existence.
Chacun s’invente une destinée qui lui permet d’affronter l’inconnu de la vie comme il peut.
Ma sœur n’a rien commencé, persuadée qu’elle mourrait à 47 ans, un ami me disait qu’il renaît depuis sa cinquantième année, persuadé que comme son père qu’il mourrait à cet âge, lui par contre ça l’a stimulé.
Moi, je me disais : je vivrai le plus longtemps " possible ", et voilà je me retrouvais là en face de ce possible qui semblait se définir avec une cruelle évidence.
A partir de maintenant il me faudrait compter à l’envers.
J’ai eu l’impression d’une ligne droite. Je me suis vu vieux. Ça ne m’a jamais fait cela auparavant. Comme si maintenant j’avais la Mort en ligne de mire, maintenant j’ai une échéance, à 46 ans, ça m’amènera à 92. Ma vie était donc définie, elle avait maintenant une fin. Saurais-je en profiter ?
Je sais c’est juste une question d’enveloppe,
mais disons que si l’intérieur peut encore évoluer et grandir, la valise ne sort plus de chez le marchand, la bagnole est d’occase.
Je sais, les courants intérieurs sont un peu comme les vents, ils glissent les uns sur les autres.
Il y a des courants ascendants, d’autres qui t’attirent vers une direction, à l’Est , à l’Ouest , vers le Sud ou le Nord.
Plus tu montes haut plus tu iras loin.
L’aérostier Bertrand Picard, qui fut le premier homme à avoir bouclé un tour du monde en montgolfière, me disait il y a quelques jours que là-haut, à 10 000 mètres, il y avait tellement de courants contraires qu’il se devait d’avoir une précision totale, avec une marge de manœuvre d’à peine 50 mètres. Un peu plus haut, un peu plus bas et il changeait de cap.
Je trouve la métaphore des ballons proche des mouvements de nos fors intérieurs.
Il faut avoir des ambitions qui t’incitent à t’élever dans une sorte d’abstraction au-dessus des nuages.
Si tu montes trop haut, tu perds conscience par manque d’oxygène.
Si tu n’as pas d’envies allumées comme un brûleur à gaz qui te chauffe la cervelle, tu ne grimpes pas. Tu vois tous les détails du quotidien, c’est précis. En cas d’accident, d’accord, tu ne tombes pas de haut, si tu restes au ras des pâquerettes, mais tu risques aussi de te manger les poteaux électriques.
Bref 109 a sûrement reprèsenté un virage dans ma vie.
Le neuf est à la fois le chiffre de l’accomplissement et du renouveau, puisqu’après le neuf on repart à Zéro.
Sans le savoir et de manière anticipée c’est peut-être ce que mes courants intérieurs m’ont obligé à admettre.
On a repris la voiture et après une heure de route on s’est arrété à Moosch pour fêter ça en beauté en mangeant du foie gras. Une petite célébration. Juste pour la forme, non pas garder la forme, mais plutôt fêter l’instant de ce centre de vie, pour mettre un goût, une saveur sur cette impression.
Beaucoup de gens peuvent dire que je suis déjà prétentieux, d’imaginer que je vais tenir jusqu’à 92.
Après tout, c’est pas gagné d’avance, c’est encore loin, va falloir s’accrocher pour atteindre mon challenge. Ok, mais vu d’ici, ça me paraît jouable. J’espère juste ne pas finir trop débile.
Bref, si je remplis la suite comme le début, j’aurai bien profité de mon temps d’existence."
Ces mots appartiennent à CharlElie Couture, qui ne m'en voudra pas je pense de les reprendre ici, vu qu'elles sont déjà sur son site à l'adresse:
http://www.charlelie.com que je vous recommande chaudement.