Ca commence avec un mix de DJ Connard (?!) qui nous fait patienter en alignant des titres soul, early rythm & blue et rough bluesy. Dommage que je n'étais pas en galante compagnie, j'aurais bien aimé onduler mon corps en cadence...
Arrive sur la petite scène, une fille, Aggy Sonora, modèle wonder woman, avec le petit short moulant qui impose le personnage. Elle s'installe à la batterie version primale : une caisse claire avec des bouts du treillis qui pendouille, une grosse caisse, une grosse cymbale largement ébréchée avec un beau son de casserole ainsi qu'un tom basse.
Un type, Looch Vibrato, prend la guitare Fender Jazzmaster à la peinture écaillé par un entretien apparemment fréquent qui se branche dans une pédale FuzzFace et le tout aboutit dans un Fender Twin avec vibrato et la reverb qui crachote bien comme il faut pas quand l'ampli bouge... Ajouter à ça, il chante avec un écho slap back de derrière les fagots ( delay, du genre une seule répétition, d'environ 15ms avec fidélité de reproduction lamentable), histoire de rendre les paroles inaudibles et incompréhensibles.
Ils s'appellent Magnetix (from Bordeaux) et elle est le plus et lui, le moins (ils ont un symbole sur leur maillot, histoire de mettre les choses au clair..)
Retour à une musique psycho billy, punk, genre Cramps si tu vois ce que je veux dire... C'est tout simple, ça hurle, ça fait du bruit, la demoiselle bourrine avec une gestuelle assez attirante, le gars hurle dans le micro et gratouille sa guitare à l'accordage aléatoire - who cares, it's rock'n'roll... C'est jouissif.
Ensuite, c'est le tour de Bob Log III (pour III, prononcer third - troisième du nom, ça veut dire, pour ceux qui ne savent pas) et son blues que je qualifierais de hardcore, de par ses aspects primal, rapide et sans concessions. Un one man band, comme il se présente. Une grosse caisse, une cymbale pédibulé (la version pédestre de manipuler...), deux boîtes à rythmes pilotés au pied, une guitare Silvertone (une autre aussi, de marque Sovereign, je crois... Des marques qui sont le top de la guitare bluesy. De conception fragile, son dégueu, moche, peu fiable mais qui avait l'avantage d'être peu cher - à l'époque, car très recherché maintenant - et en vente dans le catalogue américain Sears and Roebuck, un équivalent de la Redoute. C'était la minute histoire de la guitare blues à travers les âges...)
Mais surtout, LE signe distinctif de Bobby, c'est son casque, une sorte de montage accouplant un casque de football américain avec un combiné de téléphone en pure bakélite... histoire d'avoir un son bien pourri pour la voix. Il y a aussi sa combinaison bleu avec des incrustations en plastiques rouges qui captent la lumière...
Le tout est branché dans trois amplis, de type voyage, pas cher, 15 watts, un petit Peavey, un Fender Can, et un Kustom, que personne n'ose utilisé, même à la maison, tellement ils ont un son craspec.
Si les capacités techniques du premier groupe étaient quelconques (ce qui n'était pas vraiment un problème pour le style...), là, il n'y a pas de doute. Ce gars sait ce qu'il fait et le fait très bien ! Armé de son bottleneck au-dessus de la bague de l'annulaire, il balaie son manche avec précision et dextérité tout en rythmant avec ces ustensiles aux pieds. De nombreux breaks précis à un rythme pourtant soutenu, sans coup férir. Des morceaux complexes et fortement structurés malgré l'apparente décontraction et l'aspect jovial et trivial de Bobby, le tout aspergé de reminescences country et de rythmes quasi technoïde.
Il a notamment demandé à jouer un morceau avec une fille sur chaque genou. Seulement une seule, joliment potelée, se présenta... Je ne vous décris pas le spectacle que ça peut donner avec le pied qui tressaute sur la pédale de grosse caisse...
Il a aussi réclamé "a boob to put in my whisky", ce qui pourrait ce traduire par "un nichon pour mettre dans mon whisky". Cela semble être une de ses spécialités. Mais personne n'a compris et aucune fille n'a offert sa poitrine au verre de Bob. Puis le verre a eu une vie bizarre et est finalement revenu avec une drôle de couleur sur scène... Remember Robert Johnson...
Il y a eu aussi trois types qui sont apparus sur scènes, en caleçon dans un premier temps. Il y en avait surtout un dont la tête ne m'était pas inconnue qui doit faire partie d'un groupe rock français connu, mais je n'ai pas réussi à remettre de nom précis...
Ces mêmes énergumènes reviendront à poil au final avec une chaussette pour étui pénien... Ca m'a rappelé la couverture du "Abbey Road EP" des Red Hot Chili Peppers, dans un accoutrement similaire, en train de traverser Abbey Road...
Vraiment impressionnant cette soirée, je n'écouterais pas ça tous les jours, ce n'est pas particulièrement novateur, ni très varié mais ce fut fort plaisant, énergique et rigolo.

Dominique A devrait voir ça avant sa prochaine tournée solo... Ca pourrait l'influencer, d'autant qu'il écrivait chercher à se débarasser de ses samplers...