Une petite interview page 19 de Metro d'aujourd'hui : "Sur scène, j'aime être dans l'abandon".
http://www.metrofrance.com/xpresstags/pdf/paris.pdf
Journal Metro
En fait, y en a un peu plus à lire directement sur le site de Metro, rubrique Culture.
http://www.metrofrance.com/site/home.ph ... plete&vi=2
Dominique A
Son dernier album est tout bonnement une tuerie. Dominique A est un personnage unique en son genre, dont l’œuvre sombre et profonde pourrait laisser entendre qu’il est sacrément torturé de l’esprit. En réalité simple, gentil et soucieux du monde qui l’entoure, l’auteur compositeur interprète nous invite à rentrer dans son univers. Rencontre. (23/05/2006)
Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique ?
Au début, j’aimais bien reprendre des chansons qui plaisaient aux adultes. Mes parents avaient des disques de Brel, de Ferré et Ferrat. Je chantais dessus et je me suis rendu compte que ça leur faisait plaisir. Le déclic, je l’ai eu avec La falaise, une chanson de Brel qui me semblait très mystérieuse, notamment le son de la scie musicale. A l’âge de 12 ans, j’écoutais plutôt de la pop comme Police. Ensuite, adolescent, c’était les Cure ou Clash… Tout ce qu’on nous ressort aujourd’hui, mais avec des noms différents. Après, la musique ne m’a jamais lâché. Au début des années 80, j’aimais particulièrement les groupes anglo-saxons. Je suis ensuite devenu un grand fan de Sapho puis de Taxi girl.
Tu manies la plume avec élégance. Ca fait longtemps que tu écris ?
Depuis que je suis gamin, j’écrivais déjà des poèmes. A l’âge de 11 ans, j’enregistrais des poésies que je mettais en musique, juste a capella. Ca a été un gros truc pour moi. Aujourd’hui, j’ai l’impression de continuer à faire la même chose, mais dans un autre cadre.
Où puises-tu ton inspiration ?
Pour être inspiré, je dois me mettre dans un certain état. Je n’écris pas de textes si je ne me vois pas les chanter. Ecrire pour écrire, c’est pas trop mon truc. Moi, c’est toujours dans l’idée d’écrire une chanson. Imaginer ce qu’une voix spécifique peut raconter, ça me plaît de plus en plus. Ce qui me guide, c’est l’envie de raconter des choses. Si l’envie est là, tout est matière…
Et quand tu ne fais pas de musique, qu’est-ce que tu aimes faire ?
Bouquiner des romans, des BD, écouter de la musique et être avec ma douce.
Comme d’autres auraient une relation amoureuse avec leur guitare ou leur batterie, il semble y avoir entre ta voix et toi quelque chose de particulier ?
Ma voix, elle se travaille au fur et à mesure, je ne la cherche pas vraiment. C’est vrai que j’ai un rapport d’amour et de haine avec elle. Parfois j’en suis très content. Et parfois elle m’exaspère parce qu’elle me cantonne dans un registre d’accords mineurs, dans des choses désespérément intimes et peu expansives.
Ca vient peut-être de ton tempérament…
Non, parce que je suis assez joyeux, mais avec un arrière fond plutôt mélancolique, je le reconnais. C’est marrant parce qu’on demande souvent à des gens comme moi pourquoi je fais des chansons aussi tristes, alors qu’on demande rarement à des groupes festifs pourquoi ils font des trucs aussi joyeux ! Quand je suis derrière un micro, il y a comme une colère rentrée qui me donne envie de cracher les mots comme ça, en y allant franchement. Je suis dans la mélancolie dure. Les gens qui m’aiment bien, ils viennent rechercher un truc qui fait du bien là où ça fait mal. Ca agit comme un baume sur des petites plaies.
As-tu le sentiment d’avoir évolué depuis que tu as commencé à enregistrer des albums ?
Oui, sûrement, mais je ne vois pas de changement radical. Aujourd’hui, j’ai l’impression de mieux savoir dire les choses. J’ai un rapport très ludique à la musique, je n’ai pas une vision très carrée de ce que je veux faire. Je bosse un peu plus qu’avant, je m’arrête pas simplement à une idée de départ, je la pousse une peu plus. Ca me rend plus exigeant sans être maniaque non plus. Quand j’ai plus de jus, j’arrête !
Qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire L’horizon, ton nouvel album, particulièrement salué par la presse spécialisée ?
C’est le sentiment d’inutilité qui m’assaille quand je ne fais rien. J’avais envie d’être plus volontaire dans le chant et plus investi dans la production du disque aussi. Je voulais sortir d’un certain automatisme que j’avais pris. Il est plus live, plus lié à ma voix en concert en fait. J’ai pas cherché à mettre trop de choses, mais l’essentiel y est je crois car il me permet de chanter sans penser au texte, comme je le fais en concert. J’ai besoin d’être dans un truc très musical, sinon on tombe vite dans le pathos.
Ce soir, ton concert à la Cigale affiche complet depuis un moment déjà. Es-tu stressé ?
Sur scène, j’aime être dans l’abandon, avoir les morceaux suffisamment derrière moi pour me laisser transporter par la musique, ne pas être dans le contrôle. Un concert est réussi quand il y a une énergie qui te porte, quand tout est possible, mais ça ne se prévoie pas à l’avance. Je ne vais pas trop à la pêche au public, s’il a envie de réagir, tant mieux, mais sinon il est libre de réagir comme il l’entend.
Tu vas souvent voir d’autres artistes sur scène ?
Non, pas vraiment parce que je m’ennuie au bout de cinq minutes. Je vois très rapidement si ça va me plaire ou pas. Je suis très sensible à l’attitude des gens sur scène parce que je sais trop ce que c’est. Et si je sens de la démagogie, c’est tout de suite un frein.
Est-ce que ça t’ennuie de faire de la promo pour un album ?
Oh non, j’aime bien. Je suis très narcissique en fait (rires). Pour moi, la musique, ce ne doit pas être le reflet de moi au quotidien. Souvent les artistes sont hyper fermés, alors qu’ils devraient justement être très ouverts.
Propos recueillis par Julie Duquenne
http://www.metrofrance.com/site/home.ph ... plete&vi=2
Dominique A
Son dernier album est tout bonnement une tuerie. Dominique A est un personnage unique en son genre, dont l’œuvre sombre et profonde pourrait laisser entendre qu’il est sacrément torturé de l’esprit. En réalité simple, gentil et soucieux du monde qui l’entoure, l’auteur compositeur interprète nous invite à rentrer dans son univers. Rencontre. (23/05/2006)
Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique ?
Au début, j’aimais bien reprendre des chansons qui plaisaient aux adultes. Mes parents avaient des disques de Brel, de Ferré et Ferrat. Je chantais dessus et je me suis rendu compte que ça leur faisait plaisir. Le déclic, je l’ai eu avec La falaise, une chanson de Brel qui me semblait très mystérieuse, notamment le son de la scie musicale. A l’âge de 12 ans, j’écoutais plutôt de la pop comme Police. Ensuite, adolescent, c’était les Cure ou Clash… Tout ce qu’on nous ressort aujourd’hui, mais avec des noms différents. Après, la musique ne m’a jamais lâché. Au début des années 80, j’aimais particulièrement les groupes anglo-saxons. Je suis ensuite devenu un grand fan de Sapho puis de Taxi girl.
Tu manies la plume avec élégance. Ca fait longtemps que tu écris ?
Depuis que je suis gamin, j’écrivais déjà des poèmes. A l’âge de 11 ans, j’enregistrais des poésies que je mettais en musique, juste a capella. Ca a été un gros truc pour moi. Aujourd’hui, j’ai l’impression de continuer à faire la même chose, mais dans un autre cadre.
Où puises-tu ton inspiration ?
Pour être inspiré, je dois me mettre dans un certain état. Je n’écris pas de textes si je ne me vois pas les chanter. Ecrire pour écrire, c’est pas trop mon truc. Moi, c’est toujours dans l’idée d’écrire une chanson. Imaginer ce qu’une voix spécifique peut raconter, ça me plaît de plus en plus. Ce qui me guide, c’est l’envie de raconter des choses. Si l’envie est là, tout est matière…
Et quand tu ne fais pas de musique, qu’est-ce que tu aimes faire ?
Bouquiner des romans, des BD, écouter de la musique et être avec ma douce.
Comme d’autres auraient une relation amoureuse avec leur guitare ou leur batterie, il semble y avoir entre ta voix et toi quelque chose de particulier ?
Ma voix, elle se travaille au fur et à mesure, je ne la cherche pas vraiment. C’est vrai que j’ai un rapport d’amour et de haine avec elle. Parfois j’en suis très content. Et parfois elle m’exaspère parce qu’elle me cantonne dans un registre d’accords mineurs, dans des choses désespérément intimes et peu expansives.
Ca vient peut-être de ton tempérament…
Non, parce que je suis assez joyeux, mais avec un arrière fond plutôt mélancolique, je le reconnais. C’est marrant parce qu’on demande souvent à des gens comme moi pourquoi je fais des chansons aussi tristes, alors qu’on demande rarement à des groupes festifs pourquoi ils font des trucs aussi joyeux ! Quand je suis derrière un micro, il y a comme une colère rentrée qui me donne envie de cracher les mots comme ça, en y allant franchement. Je suis dans la mélancolie dure. Les gens qui m’aiment bien, ils viennent rechercher un truc qui fait du bien là où ça fait mal. Ca agit comme un baume sur des petites plaies.
As-tu le sentiment d’avoir évolué depuis que tu as commencé à enregistrer des albums ?
Oui, sûrement, mais je ne vois pas de changement radical. Aujourd’hui, j’ai l’impression de mieux savoir dire les choses. J’ai un rapport très ludique à la musique, je n’ai pas une vision très carrée de ce que je veux faire. Je bosse un peu plus qu’avant, je m’arrête pas simplement à une idée de départ, je la pousse une peu plus. Ca me rend plus exigeant sans être maniaque non plus. Quand j’ai plus de jus, j’arrête !
Qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire L’horizon, ton nouvel album, particulièrement salué par la presse spécialisée ?
C’est le sentiment d’inutilité qui m’assaille quand je ne fais rien. J’avais envie d’être plus volontaire dans le chant et plus investi dans la production du disque aussi. Je voulais sortir d’un certain automatisme que j’avais pris. Il est plus live, plus lié à ma voix en concert en fait. J’ai pas cherché à mettre trop de choses, mais l’essentiel y est je crois car il me permet de chanter sans penser au texte, comme je le fais en concert. J’ai besoin d’être dans un truc très musical, sinon on tombe vite dans le pathos.
Ce soir, ton concert à la Cigale affiche complet depuis un moment déjà. Es-tu stressé ?
Sur scène, j’aime être dans l’abandon, avoir les morceaux suffisamment derrière moi pour me laisser transporter par la musique, ne pas être dans le contrôle. Un concert est réussi quand il y a une énergie qui te porte, quand tout est possible, mais ça ne se prévoie pas à l’avance. Je ne vais pas trop à la pêche au public, s’il a envie de réagir, tant mieux, mais sinon il est libre de réagir comme il l’entend.
Tu vas souvent voir d’autres artistes sur scène ?
Non, pas vraiment parce que je m’ennuie au bout de cinq minutes. Je vois très rapidement si ça va me plaire ou pas. Je suis très sensible à l’attitude des gens sur scène parce que je sais trop ce que c’est. Et si je sens de la démagogie, c’est tout de suite un frein.
Est-ce que ça t’ennuie de faire de la promo pour un album ?
Oh non, j’aime bien. Je suis très narcissique en fait (rires). Pour moi, la musique, ce ne doit pas être le reflet de moi au quotidien. Souvent les artistes sont hyper fermés, alors qu’ils devraient justement être très ouverts.
Propos recueillis par Julie Duquenne