Pour prendre le contre pied totale du grand Jacques, je reprendrai l'un des titres phares de The Cure : Boys Don't Cry
(extrait)...
J'ai mal évalué tes limites
T'ai poussée trop loin
Je t'ai cru d'accord
Mais je pensais que tu avais davantage besoin de moi
Maintenant je ferais presque n'importe quoi
Pour te faire revenir à mes côtés
Mais je ne fais rien d'autre
Que continuer à rire
En cachant mes larmes dans mes yeux
Car les garçons ne pleurent pas
Les garçons ne pleurent pas
Les garçons ne pleurent pas
J'ai l'impression de parler tout seul moi aussi...
J'ai lu plus profondemment le livre sur Brel. Angela Clouzet parle justement de sa prétentue mysogénie ainsi que des paroles de " Ne me Quitte pas ". Elle se base sur le texte, sur les propos de ses proches collaborateurs et d'autres chansons importantes comme " Orly " ou " Les Femmes et les Chiens ". C'est passionnant, je conseille ce livre à tous les passionnés (il y a une certaine logique dans cette phrase).
En somme, ce qu'elle dit pourrait mettre tout le monde d'accord (Tiersen y compris !! c'est pour dire ! ).
libilule
PS : suspense, suspense...
J'ai vu cet après-midi, en plein soleil, une jeune femme qui attendait le tramway en compagnie de son corps.
Pour les deux points de vue, il y a Unlimited Mariage (I et II) de Rodolphe Burger sur les albums Meteor Show.
Sinon, d'une manière plus générale, à moins d'être abnégatif, une relation amoureuse n'existe que pour le plaisir égoïste de chacun. Quand ce plaisir est menacé, cet égoïsme est exacerbé et s'exprime prioritairement. "Ne me quitte pas" est une chanson égoïste mais surement pas misogyne. Il y a surement une chanson féminine équivalente (mais là j'ai pas envie de chercher, à vous de jouer). Reprocherait-on, le cas échéant, à une telle chanson d'être féministe ?
Modifié en dernier par TiTives le ven. 19 déc. 2003, 21:01, modifié 1 fois.
" Pour Brel, il y avait deux grandes menaces dans la vie : l'amour et la mort. Nombreux sont ceux qui ont épilogué sur sa supposée misogynie, peu sont ceux qui ont vraiment compris les raisons de ces diatribes. Le premier concerné, lui-même, semblait prendre un malin plaisir à laisser subsister le doute sur ces accusations : " Ce n'est pas tout à fait faux et ça n'est pas tout à fait vrai. " Ou encore : " Les hommes ne disent que des bêtises quand ils parlent des femmes. Par contre les femmes ne disent pas toujours des sottises quand elles parlent des hommes. "
Le héros brélien amoureux est souvent tourné sur lui-même, aveuglé par ses peurs ou ses doutes, voire égoïste. Si celui de Ne me quitte pas en arrive à promettre tant de choses à la femme aimée et perdue, peut-être n'a-t-il pas pu ou pas su percevoir ses désirs. C'est comme s'il découvrait que cette femme est merveilleuse au moment même où elle le quitte. Jacques Prévert a écrit : " J'ai reconnu mon bonheur au bruit qu'il a fait en partant. " C'est ce fracas qui a probablement ébranlé le personnage. Mais la prise de conscience arrive trop tard...
Le héros de Ne me quitte pas évoque ces hommes pleins de bonnes attentions, prêts à tout pour préserver une relation amoureuse... sauf à se remettre en question. L'on pourrait dire de lui qu'il est déphasé. Les monts et merveilles qu'il lui promet ne sont que ternes promesses comparées à ce qu'une femme attend : qu'on la comprenne. C'est peut-être ce qui a fait souffrir Brel : les femmes restaient une énigme pour lui. " La femme, c'est le mystère... Moi je l'avoue : une femme, pour moi, c'est aussi compliqué que le mystère de la Trinité... Sur le moment, je n'y comprends rien. Un an après, je cherche à comprendre, mais j'y parviens rarement. " Chacun sait que l'on se méfie de ce que l'on ne comprend pas. Alors, plutôt que de parler de misogynie, je dirais qu'il avait certainement peur des femmes qui représentaient une menace pour lui. "
Angela Clouzet
Le livre est en vente dans toutes les bonnes librairies :
Jacques Brel par Jean Clouzet et Angela Clouzet
Seghers : Poésie et Chansons
J'ai vu cet après-midi, en plein soleil, une jeune femme qui attendait le tramway en compagnie de son corps.
Angela Clouzet a écrit :Alors, plutôt que de parler de misogynie, je dirais qu'il avait certainement peur des femmes qui représentaient une menace pour lui.
C'est à peu près ce que je voulais dire, mais avec simplement le talent en plus...
Wouah, elle est bien cette Angela Clouzet, tout à fait d'accord avec elle, dans ses propos que je n'appliquerai pas spécialement à Brel mais aux hommes en général.
Et "ne me quitte pas", je pourrai aussi la chanter mais en tant que femme, donc évidemment aucune misogynie. Qui n'a pas vécu une telle situation ?
ps : je le lirais bien ce bouquin, merci libilule
ps2 : les hommes aussi peuvent représenter une menace pour la femme
lili a écrit :Et "ne me quitte pas", je pourrai aussi la chanter mais en tant que femme, donc évidemment aucune misogynie. Qui n'a pas vécu une telle situation ?
" Nombreux sont ceux qui accusent Brel de misogynie. Reste une énigme : beaucoup de femmes aiment ses chansons. J'ai parlé avec plusieurs d'entre elles, aucune n'a alimenté cette controverse. Elles étaient même surprises que l'on puisse le qualifier franchement de misogyne. Elles se sont exprimées sur plusieurs chansons qui les ont touchées, mais non sur ses piques contre la gent féminine. Il est vrai que certaines images symbolisent le romantisme absolu. Quelle femme n'a pas rêvé d'un homme qui lui offrirait :
Des perles de pluie
Venues de pays
Où il ne pleut pas...
Mais déjà le charme s'estompe :
Laisse-moi devenir
L'ombre de ton ombre
L'ombre de ta main
L'ombre de ton chien...
La veulerie n'a jamais fait fantasmer les femmes. Le héros, trop abattu, n'a même plus le courage de prendre un ton ferme et énergique pour la retenir. Juliette Gréco, qui a repris cette chanson de son répertoire, l'interpèrte tout à fait différemment. " Elle n'aime pas du tout ce côté pleurnichard " explique Gérard Jouannest. Elle la chante de façon plus dure, d'un air de dire " Ne me quitte pas, mais si tu le fais, tant pis. " Pour elle, il n'y a que comme ça qu'elle peut le faire. " "
Yes ! J'ai réussi.
Je t'assure que tu ne regretteras pas. Le bouquin est passionnant et traite de manière vraiment intelligente et sensible l'oeuvre du grand Brel.
libilule
PS : Et une ! Au suivant !
J'ai vu cet après-midi, en plein soleil, une jeune femme qui attendait le tramway en compagnie de son corps.