Robi va croiser la route de Dominique A lors des prochaines dates de novembre et décembre. Alors que le groupe a sorti un EP remarqué l'an passé, c'est l'occasion pour CCV de vous proposer son dernier clip ainsi qu'une interview exclusive. Une nouvelle date parisienne vient d'être ajoutée, Robi sera au Divan du Monde le 14 novembre pour une Session live Crumb Magazine.
ROBI c'est un duo ? Chloé et Jeff Hallam c'est ça ?
C’est un duo qui n’en est pas un.
Un duo de création uniquement. Je me sers de Jeff pour aller jusqu’au bout de moi même, c’est une extension de ma main, de ma voix, de mes envies, de mes idées fixes. Avec son consentement bien sûr. J’arrive avec textes et mélodie, nous construisons la suite ensemble. Sur scène nous avons d’abord été un duo, c’est vrai, puis un trio avec boris boublil, mais Jeff ne pourra pas accompagner la tournée, car les dates se multiplient pour moi, et ce n’est pas compatible avec ses engagements avec Dominique A.
Le groupe est récent ? comment vous êtes vous rencontré ?
Nous nous sommes croisés il y a plusieurs années déjà par le biais d’amis communs. Mais nous nous sommes réellement rencontrés autour de l’enregistrement et l’arangement d’une maquette il y a un peu plus de 3 ans déjà. De là nous avons très vite commencé à composer ensemble. Il y a une évidence et une très forte correspondance dans nos manières de fonctionner, d’avancer, de créer.
C'est votre premier projet ? Jeff a déjà pas mal bourlingué ?
Ce n’est pas mon premier projet non mais c’est celui où je me sais enfin vraiment moi même. Peut être parce que, pour la première fois, je compose moi aussi. Et Jeff, entre autres, y a beaucoup contribué. Nous n’avons pas la même langue maternelle, est-ce pour cela qu’il ne m’en veut pas de ne pas avoir le langage technique de la musique ? J’avance à l’instinct et sa grande expérience lui permet d’y être réceptif.
Vous avez sorti un 6 titres l'année passée - dont le titre Je te tue était en playlist sur France Inter.
Oui c’est une belle histoire. Nous ne nous y attendions évidemment pas du tout. J’ai tu le projet jusqu’au dernier moment, jusqu’à sa sortie. Pour me préserver du doute et rester libre. Il n’y avait donc aucune attente de ma part mais beaucoup d’envie. Il semble que cela ait été communicatif.
Là c'est l'album qui va sortir.
Oui, en février. La démarche reste sensiblement la même. C’est de l’autoproduction, mais cette fois très bien entourée de nouveaux partenaires (tourneur, éditeur, distributeur), choisis depuis la sortie du EP et qui sont dans le même état d’esprit que moi.
Comment avez vous abordé sa conception ? Qui compose qui écrit ?
J’écris textes et mélodies, que je livre à Jeff, enregistrés sur des boucles rythmiques. Puis Jeff se saisit de sa basse et nous cherchons ensemble le chemin à prendre. Qui est souvent le plus simple. Le plus direct. J’aime l’évidence crue.
Sur le disque plus que sur le EP on trouve des influences 80's. C'est voulu ou le hasard des compositions ?
Ce n’est pas recherché, mais assumé. L’utilisation des claviers y est pour beaucoup. C’est leurs sons, bruts, organiques et frontaux eux aussi, que j’aime, pas forcément les références auquelles ils se rapportent. Et il y a la noirceur qu’ils dégagent, un noir lumineux et dansant qui se prête particulièrement à notre musique scandée et rythmique, obsédante. Et à notre époque.
La reprise de Trisomie 21 va dans ce sens ?
Tout à fait.
On a eu la chance de vous voir sur scène - on retrouve bien les ambiances 80's avec la basse de Jeff assez en avant.
Ce qui m’intéresse c’est une forme de pureté brutale qu’on retrouve effectivement chez beaucoup de groupes des années 80. C’est l’expérimentation du vide et du trop plein, du rythme et de la transe. D’où le choix d’une basse lead et la présence plus en retrait de la guitare.
Revenons au disque, Dominique A fait également une participation sur un titre -la rencontre s'est fait comment ?
Dominique A travaille depuis longtemps avec Frank Loriou, le photographe (qui se trouve être aussi mon compagnon, et co-producteur avec moi depuis le début ). Nous nous étions croisés comme cela, tout simplement. Puis Frank a fait écouter quelques titres à Dominique en secret … qui a aimé, apparemment. Au point de me faire le plaisir d’un titre en commun, ce qui me touche beaucoup. Ce titre était pour lui.
Comment abordez vous les concerts ? vous avez déjà beaucoup tourné ou vous êtes un jeune groupe sur scène.
Les deux à la fois. Nous ne tournerons jamais assez. Nous aimons tout remettre en question. Du coup c’est un peu la première fois tout le temps. Nous avons joué très régulièrement depuis la sortie du EP avec jeff hallam puis Boris Boublil, mais je passe à une nouvelle étape, avec un tourneur qui s’investit beaucoup et deux musiciens qui se consacrent pleinement au projet, on va pouvoir vraiment approfondir notre rapport à la scène.
Vous avez déjà ouvert pour Jean-Louis Murat, ça fait quoi de jouer en première partie de Dominique A ?
C’est un peu terrifiant et très naturel. Comme tous les rêves que l’on finit par vivre. Je crois que je refuse de le réaliser vraiment pour me protéger.
Après ces premières parties avez-vous d'autres concerts en vue ?
Les dates se multiplient dès cet automne . Le tourneur est en train de préparer l’année prochaine, mais je n’en connais pas encore les détails. D’autres premières parties de Dominique A j’espère !
Biographie:
Elle est intimidante. Sans le vouloir. Longs cheveux noirs, regard profond. Elle fume beaucoup. Écoute aussi. Et parle peu. Mais toujours juste. La jeune femme est à l’image exacte de ses chansons, de sa musique : ses mélodies entêtantes font battre du pied, mais sont toujours empreintes de gravité. D’ailleurs Robi compose en marchant, scandant mots et mélodies au gré de ses errances, pour ensuite parachever ses compositions avec le bassiste américain Jeff Hallam, qui met au service de ses obsessions sa sensibilité, et sa culture anglo-saxonne. Les obsessions de Robi ? Le présent, le temps, l’amour, la perte, les illusions, l’absolu.
Grandie en Afrique et à la Réunion – de là, sans doute, cette fascination pour les rythmiques envoûtantes –, elle est peut-être vraiment née le jour où elle a écrit ce morceau au titre programmatique, Je Te Tue, entre blues désincarné et pop effilée, comme chanté par une Beth Gibbons perdue dans la Ville Lumière. Ce morceau est devenu la pierre angulaire d’un premier EP très remarqué, sorti en octobre 2011, soient six titres implacables, où la seule volonté est d’aller à l’essentiel. Puis, la jeune femme a investi la scène, en duo avec Jeff Hallam d’abord, puis dans une formule en trio très électrique. Mi-Ian Curtis – cette gestuelle déraisonnée –, mi-Elli Medeiros – cette féminité exacerbée –, Robi ne joue pas la comédie. Sur fond de stridences électriques, entre murmures et exclamations, elle se montre en pleine lumière, sans fard, “sauvage” et intuitive. Peut-être parce qu’elle ne sait faire que ça. Parce qu’elle ne veut faire que ça. Certains de ses pairs l’ont déjà compris. Ils s’appellent Murat, Arno ou Dominique A, rien que ça, et l’adoubent tour à tour, l’invitant à les précéder dans leurs concerts parisiens et à travers l’hexagone.
La demoiselle, qui réalise aussi ses clips, a enregistré pendant l’été 2012 son premier album avec sa garde rapprochée. Un clavier lancinant habille une boîte à rythmes ascétique, une basse caoutchouteuse épouse un riff affûté. Dans cette partie de cache-cache entre ombre et lumière, on croise l’électropunk cramé de Suicide (Où Suis-Je) ou la new-wave spectrale de Young Marble Giants (Belle Et Bien), ou encore Dominique A, venu donner, en chair et en os, la réplique sur Ma Route, chemin de traverse aux arrangements obsédants. Entre l’immédiateté de On Ne Meurt Plus D’Amour, la chevauchée stroboscopique de Tout Ce Temps et la confession troublante de Cherche Avec Moi, Robi reprend le groupe Trisomie 21 (Il Se Noie), et donne le vertige, ambassadrice d’un minimalisme habité, qui fait du bien là où ça fait mal. Avec une assurance fragile, elle égrène ses chansons, comme destinées à la piste de danse d’un bar paumé, où il ferait bon noyer sa mélancolie à deux pas du dance floor. Acte de naissance d’une artiste qui jongle comme personne avec les émotions – les siennes, et les nôtres –, ce disque s’intitule L’Hiver Et La Joie. Il est atemporel. Et double. Comme Robi
Concerts à venir :
08 nov NANCY, L'autre canal (+ DOMINIQUE A)
09 nov STRASBOURG, La laiterie (+ DOMINIQUE A)
10 nov NOISY LE SEC, Théâtre des Bergeries (+ DOMINIQUE A)
14 nov PARIS, Divan du Monde (Session live Crumb Magazine)
23 nov BORDEAUX, El Chicho
24 nov CLERMONT-FERRAND, La Coopérative de Mai (+ UMINSKI)
07 déc RENNES, BARS EN TRANS
08 déc DIJON, La Vapeur (+ ARNO)
10 déc LYON, Le Transbordeur (+ ARNO)
12 déc TOULOUSE, Le Bikini (+ ARNO)
13 déc TOURS, Le Temps machine (+ DOMINIQUE A)
14 déc VILLEFRANCHE / SAONE, Théâtre (+ DOMINIQUE A)
Plus d'infos :
robimusic.net
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