Thomas Poli

Thomas Poli

Depuis 2009 Thomas Poli accompagne Dominique A sur scène. Alors que son parcours le prédestinait plus au studio - il a réalisé les enregistrements du live Sur nos forces motrices -, le voici comme un élément essentiel des dernières tournées.
Entre synthés et guitares, Thomas Poli apporte sa touche personnelle. Cet automne il nous accorda une interview en toute décontraction, une occasion pour CCV de débuter une série de portraits des membres du groupe de Dominique A.






Quelle a été ta formation musicale ?

J’ai commencé par le piano lorsque j’étais enfant et j’ai assez vite arrêté. Ensuite je me suis mis à la guitare tout seul, et ensuite au « 4 pistes K7» tout seul. Je n’avais pas de groupe, enfin si un, au collège vers 13-14 ans, on faisait des reprises, mais j’ai surtout fait de la musique au début tout seul dans mon coin. Ensuite, début 2000, je me suis procuré mon MS20, j’étais pas mal attiré par la musique électronique. Ce n’était pas du sampling, mais plutôt de l’analogique, genre old school, modulation… MontgomeryVers 2003-2004, mes études me dirigeaient vers le métier d’ingénieur du son, et donc j’allais plus vers du studio. Et en même temps j’ai rencontré les membres de Montgomery, mon groupe, qui voulait faire leur premier album. J’ai commencé à bosser avec eux, en studio, avec mon MS20. Je me suis remis à la guitare à ce moment là que j’avais un peu délaissée les dernières années, Montgomery m’a poussé à m’y remettre. Je suis rentré véritablement dans le groupe, et j’ai fait mes premières dates sur scène avec ma guitare. C’est à cette période que j’ai rencontré David Euverte. Il m’a proposé de faire l’album de Fred Vidalenc. Il y avait beaucoup d’invités sur le disque et donc par la même occasion j’ai rencontré Dominique Brusson, Olivier Mellano, Daniel Pabœuf, Régis Boulard… plein de musiciens rennais. J’étais là comme assistant de David qui avait le rôle d’arrangeur et de réalisateur. Chemin faisant, une succession de rencontre…

Ta formation t’as probablement aidé, mais te considères-tu comme un autodidacte ?
Je me suis dis que l’on pouvait mélanger les deux aspects, faire du son avec une guitare. Mais techniquement, bon, les seuls cours ont été ceux de piano vers 10-12 ans. Le solfège est forcément resté mais je suis très mauvais en lecture, et puis ce n’est pas mon truc. En fait j’apprenais par cœur, je faisais mine de lire, et des fois quand je jouais, je tournais les pages au mauvais moment et je me faisais griller ! Non c’est vrai je n’avais pas ce côté école, un peu rigide.

Lorsque tu te présentes, tu dis quoi ? « Bonjour, Thomas, musicien ? Guitariste ? »
Oui musicien. Guitariste aussi. Les deux en fait.

Sur nos forces motricesDu coup David Euverte, Olivier Mellano, Daniel Paboeuf, il n’y a qu’un pas pour arriver à Dominique A…
Oui tout à fait. La première fois que j’ai joué avec lui c’était lors d’une super folia d’Olivier Mellano à Arras. On était tout un groupe autour de Mellano, on était une trentaine. Moi j’étais au piano et à la guitare. J’avais appris les morceaux et je faisais parti du groupe derrière. On a joué « Le commerce de l’eau » avec Dominique A. Dans la foulée, Dominique A et Dominique Brusson avaient besoin d’un ingénieur du son pour l’enregistrement du live « Sur nos forces motrices », et je suis donc parti quatre jours avec eux, c’était donc ma première tournée en leur compagnie : Rosporden, La Rochelle et deux dates à la Nef d’Angoulème. Il en est ressorti le live qui est sorti sur CD. C’était ma première expérience avec Dominique. Ensuite sur la tournée La Musique / La Matière il m’a demandé si je voulais faire partie de la tournée avec David Euverte, Sébastien Buffet pour jouer de la guitare et des claviers. J’ai dit oui bien entendu.

Tu en es l’exemple type, on peut se demander s’il ne faut pas être rennais pour jouer avec Dominique A.
Rires. Non je ne crois pas. Il y a ses repères c’est vrai. Moi je ne suis pas vraiment de Rennes en fait, mais de Lorient, à 150 km de là.


David Euverte a beaucoup œuvré dans les arrangements du dernier album. Toi, on te voit dans ton coin bidouiller sur scène, et apporter ta patte. Qu’elle est ta marge de manœuvre sur scène ? Comment interviens-tu sur un morceau ?
Lors des répétitions à la Sirène de La Rochelle, c’était super. On a commencé à répéter tous les cinq, sans les vents. Les arrangements des vents étaient déjà écrits durant l’été par David et Dominique. Comme ils avaient bien bossé, on a commencé à répéter avec une bande d’arrangements avec des sons d’usine. Sébastien était au clic pour bien suivre la partition, mais entre les partitions écrites, on pouvait intervenir, amener nos propres arrangements, notre couleur. Avec Dominique, c’est assez libre et quand il y a un truc qui le fait pas, il le dit, on ne traine pas dessus des heures. Personnellement je suis toujours « free », à proposer des trucs. Là pour cette tournée le fait d’avoir des guitares assez résonnantes comme sur Par les lueurs, accordées bizarrement est une chose qui revient souvent. Les guitares, même à vide peuvent tourner comme ça tout le morceau, une sorte de drone, de nappe. Je suis assez branché par cette approche depuis trois ans. Pour les claviers, les arrangements marchent plutôt par séquence. J’ai ramené ça, cela a plu à Dominique et aux autres, donc on l’a gardé.

Dans un esprit un peu 80’s ?
Oui, je dirai même plutôt 70’s avec des sons plus ronds, fin 70’s.

A la Vangelis.
Eh ouais, on parle d’influence, mais moi quand j’étais petit à la maison, c’était Vangelis. Non là je sors du sujet un peu, ce n’est pas une influence majeure pour moi.

Y’a un groupe australien chez Warp qui s’appelle PVT, ex Pivot, qui l’assume complètement.
Oui ca revient pas mal. Il a fait la musique de Blade Runner, ses musiques de film ont marqué aussi. Et y’a un bon paquet de groupes à synthés qui se ramènent  dans l’electro-pop ou dans des trucs plus 70’s, plus éthérés, hyper ambiant, avec un certain côté moyenâgeux, féodal, et j’aime bien !




ramonesEs-tu capable de parler de ta propre pratique, de ton approche technique, as-tu créer ta ligne tout seul sans d’ailleurs forcement y réfléchir ?
C’est un peu par défaut. Je ne suis pas arrivé avec un bagage technique me permettant d’affirmer quoi que ce soit, et de jouer dans un style à proprement parlé. (Il réfléchit). Je suis plus dans une recherche sonore que dans une recherche stylistique. Je profite de mes limites, je m’appuie sur elles pour explorer dans cette voie là. J’ai plus des influences en terme d’énergie qu’en terme de notes.  Ca veut dire être en devant du temps, assez agressif, pas dans le son ou la rapidité, mais plutôt quelque chose Odelayqui t’embarque, bien speed, un peu comme les Ramones. Là je suis ultra fan. Et à l’inverse j’aime beaucoup les groupes super lents, qui jouent des choses très profondes et lourdes comme Melvins, ou Sunn O))), Earth… Et bien sûr, je suis assez influencé par le rock indé américain des années 90 avec Nirvana bien sûr, Sonic Youth, Beck et son inépuisable Odelay qui doit être l’album que j’ai du écouter le plus de fois dans ma vie.

Ça rejoint un peu l’approche de Dominique A. On sait par l’intermédiaire de ses billets qu’il écoute beaucoup de choses différentes, parfois même très éloignées de la musique française qui est la case dans lequel il est rangé la plupart du temps. C’est vraiment là aussi l’idée de retrouver une énergie.
Oui avec Dominique en tournée on écoute des choses très différentes, mais personnellement la chanson française, je n’en écoute que très peu. Et lorsque je joue avec Dominique, je n’ai pas l’impression de jouer avec un chanteur français, mais l’énergie est plutôt punk rock. Bon ce n’est pas du punk rock on est d’accord, mais c’est l’idée qu’il y a quelque chose de physique là-dedans, où c’est le corps qui se décharge.

Est-ce que ce n’est pas d’autant plus le cas avec le groupe actuel qui s’est recentré à cinq éléments ?
Oui tout à fait. Même si finalement on joue peu de titres du dernier album. Y’en a cinq ou six, mais y’en a plein qui n’ont aucun intérêt sans le quintet à vent, comme La Possession, ou Parce que tu étais là. D’ailleurs c’est dommage j’aimais beaucoup jouer ce titre, mais il manque quelque chose, ce n’est pas aussi abouti. Du coup on pioche dans son répertoire, et y’a de quoi faire. Je crois d’ailleurs que l’on joue au moins un titre de chaque album.

C’est exact ! La tournée actuelle est assez longue. Pour le moment les dates annoncées vont jusqu’à fin avril. Quel sentiment ça génère chez toi ?
C’est super ! Je suis très content. La tournée de La Musique / La Matière avait été ma première véritable expérience de tournée, intensive on va dire, et c’était carrément fun de le faire et quand Dominique A nous a reproposé de partir pour la première tournée avec le quintet à vent, puis ensuite pour une tournée à cinq, on était bien évidemment très content.


Quel est plus dur à gérer durant ces tournées ? La fatigue, le sommeil, la répétition des dates et l’endormissement qui peut en découler ? Comment arrive-t-on à gérer l’enchainement des dates, y’a-t-il une notion de gestion des dates ?
Les dates que tu attends le moins sont parfois géniales et celles qui t’excitent… ben des fois, finalement… Bon j’essaie d’être toujours à 100% lorsque je joue, quelque soit mon état de forme du moment. Je ne veux éviter de rentrer dans une sorte de rengaine, mais les pauses sont assez fréquentes dans la tournée, alors ça va. Je veux dire, on ne part pas 2 mois de chez nous sans rentrer, tu vois ?

Dans les tournées, y’a souvent des breaks, plus ou moins longs. Ces quelques jours off doivent vous aider à vous rebooster, et vous régénérer.
Oui carrément ! Changer d’univers, ça fait du bien aussi bien sûr.

Le dernier disque que tu n’as pas réussi à imposer dans le bus ?
Ben en fait j’achète beaucoup de vinyles et du coup c’est super dur de les proposer dans le camion !

7liveTu aimes bien le disque objet ?
Oui y’a une année où j’ai décidé d’arrêter d’acheter des cds. J’achetais alors déjà des vinyles, mes premiers francs ont été dépensés dans des vinyles (et en cd aussi). Et puis j’ai préféré commencer à attendre les éditions vinyles, même s’il fallait attendre un peu plus, mais je préférais avoir une étagère pleine de disques que de cds.

C’est étonnant parce que tu es plus de la génération cds ?
Tout à fait, et j’étais à deux doigts d’être de la génération mp3. En fait je suis de la génération cds gravés, un truc super volatile, où lors d’une soirée entre potes ton cd est complètement rincé et tu le jettes. Au delà de la qualité du son, un disque, ça reste, et je tiens à cette idée là aussi.

Laetitia SheriffVu la discussion on doit aborder ton label Impersonal Freedom
Oui en fait ça s’est fait un peu pour sortir des disques qui ne sortiraient pas autrement, d’avoir des objets un peu inédits. Sans pression. Je ne suis surtout pas dans l’idée de sortir des choses sans arrêt, pour être actuel, et faire que cela fonctionne. Pas du tout dans une optique business, de toute façon je ne suis pas bon pour ça. J’aime beaucoup aussi le rapport de proximité que cela amène, connaître quasiment chaque personne qui l’a acheté, savoir à quel endroit tu déposes tes disques. Par exemple pour les premiers vinyles que j’ai fait (l’album de Laetitia Sheriff), durant la tournée de Dominique A, je profitais des dates pour m’arrêter chez les disquaires indépendants pour déposer cinq ou dix disques. Du coup j’avais un contact très direct avec eux, pas de distribution. Et comme ce sont des petits tirages, c’est assez simple de garder un œil dessus. Ça, ça me plait bien. Ensuite y’a l’idée aussi que si je trouve quelque chose que j’adore et que l’artiste a du mal a sortir un disque, dans dix ans, dans vingt ans, le label sera toujours là. Si je peux aider, tout en proposant quelque chose de cohérent pour qu’à chaque sortie se dégage une couleur, c’est bien.

laetitia-sheriff-epDonc un mot sur la prochaine sortie ?
Ce sera un EP 4 titres vinyle de Laetitia Sheriff fait en totale autoproduction. Elle a tout joué toute seule. L’idée était de sortir ça avant un prochain album pour 2013.


Propos recueillis le 24 octobre 2012 à Ramonville-Saint-Agne


Concerts

CCV NL

A propos des cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site web. Certains d’entre eux sont essentiels au fonctionnement du site et d’autres nous aident à améliorer ce site et l’expérience utilisateur (cookies traceurs). Vous pouvez décider vous-même si vous autorisez ou non ces cookies. Merci de noter que, si vous les rejetez, vous risquez de ne pas pouvoir utiliser l’ensemble des fonctionnalités du site.